Homélie du 21ème dimanche du temps ordinaire –
Abbé Jean Compazieu | 16 août 2014
Suscités par Dieu.
Textes bibliques : Lire
Les lectures que nous venons d’écouter nous montrent des hommes qui ont été appelés par Dieu pour une mission bien précise. Dans le texte d’Isaïe (1ère lecture), c’est Eliaquim qui est appelé. Il reçoit l’investiture pour remplacer un serviteur royal devenu trop ambitieux. Nous ne savons rien de la vie d’Eliaqim. Son nom signifie “Dieu l’a suscité”. II fait partie de ceux que Dieu a choisis pour conduire son peuple : “Il sera un père pour les habitants de Jérusalem et pour la maison de Juda”. Comprenons bien : ce n’est pas nous qui nous donnons la mission. C’est Dieu qui appelle et nous envoie. Il compte sur nous pour participer à son œuvre de salut du monde.
Saint Paul a, lui aussi, été suscité par Dieu. Au départ, c’était un pharisien persécuteur. Puis un jour, il a rencontré Jésus sur le chemin de Damas. Cette rencontre a été pour lui le point de départ d’un véritable bouleversement. Le persécuteur acharné est devenu un grand témoin de la foi auprès des païens. Dans le passage que nous venons d’entendre, il proclame avec enthousiasme les merveilles de Dieu : “Tout vient de toi, Seigneur”. Paul rend gloire à Dieu qui s’est révélé au cours des siècles par son œuvre d’amour. Tous les hommes, juifs et païens, sont appelés à devenir ses fils. Si Dieu a suscité le peuple d’Israël, c’est pour partager avec l’humanité tout entière ce bonheur d’être aimé de Dieu. Voilà une bonne nouvelle qui doit nous réjouir le cœur.
C’est important pour nous qui avons tendance à ne voir que nos petites communautés. Depuis la Pentecôte, les disciples du Christ sont suscités pour sortir. Ils sont envoyés dans un monde hostile ou indifférent pour témoigner de l’amour qui est en Dieu. Comme Paul, beaucoup le font au péril de leur vie. La mission de l’Eglise n’est pas de se sauver elle-même mais de sauver le monde. Et c’est en vue de cette mission que le Seigneur nous envoie son Esprit Saint.
Dans l’Evangile, c’est Pierre qui est suscité par le Christ. Il est appelé à être la pierre sur laquelle Jésus édifiera son Eglise. Cette promesse fait suite à la question qu’il vient de poser : “Et vous, qui dites-vous que je suis ?” Et c’est précisément Pierre qui répond par une belle profession de foi : “Tu es le Christ, le Fils de Dieu”. Il reconnaît en lui le Fils du Dieu vivant, le Fils bien-aimé et unique.
En réponse à cette belle proclamation de sa foi, Jésus change le nom de Simon : “Tu es Pierre et sur cette pierre, je bâtirai mon Eglise, et la puissance de la mort n’aura pas de prise sur elle.” Pierre est choisi par Jésus comme fondement de cette Eglise qu’il bâtira tout au long des siècles. Cette Eglise défiera les forces de mort et de destruction. Jésus donne à Pierre et à ses successeurs le pouvoir sur son domaine. Ils devront continuer son enseignement, établir des règles de gouvernement de ce nouveau peuple de Dieu et réconcilier les pécheurs.
Nous, chrétiens d’aujourd’hui, nous sommes suscités pour participer activement à cette mission. La bonne nouvelle doit être annoncée à tous, jusqu’aux “périphéries”. Le problème de nos communautés, c’est qu’elles n’ont pas toujours ce souci missionnaire. Beaucoup se contentent d’un “programme minimum”. C’est un affront aux martyrs d’autrefois et d’aujourd’hui qui n’ont pas hésité à donner leur vie pour le Christ. Et surtout, c’est un affront à Celui qui nous a aimés jusqu’au bout, jusqu’à la mort sur une croix.
Dieu a suscité Eliaqim puis ses apôtres Pierre et Paul. Aujourd’hui, c’est à nos communautés qu’il fait appel. Il compte sur nous pour que la bonne nouvelle soit répandue dans le monde entier. Un jour, nous aurons à rendre compte de cette mission. Le Seigneur attend de nous que nous donnions le meilleur de nous-mêmes dans l’annonce de l’Evangile. Et surtout, nous ne devons pas oublier que Dieu a donné à Pierre le pouvoir des clés : “Je te donnerai les clés du Royaume des cieux…” Ce pouvoir, c’est celui d’ouvrir le Royaume à tous les hommes. Il est confié à toute l’Eglise représentée par Pierre et ses successeurs.
Cette mission nous rejoint dans un monde où beaucoup de portes sont fermées. Pensons à tous ceux et celles qui sont enfoncés dans leur passé et leur mauvaise réputation. Le monde se méfie d’eux. Il ne leur laisse aucune chance. Avec Jésus et avec nous tous, la bonne nouvelle doit être annoncée aux petits, aux pauvres et à tous ceux et celles qui se sentent inutiles aux yeux du monde. Nous sommes envoyés vers eux pour leur dire qu’ils ont du prix aux yeux de Dieu.
C’est pour mieux répondre à cet appel que nous venons chaque dimanche à l’Eucharistie. C’est là que nous nous nourrissons de la parole et du Corps du Christ pour la mission qui nous est confiée. Merci Seigneur, pour cette nourriture. Tu nous précèdes chaque jour auprès des hommes, des femmes et des enfants que tu mets sur notre route. Sois avec nous pour que nous soyons de vrais témoins de ton amour.
Sources : Revue Feu Nouveau – L’Intelligence des Ecritures (MN Thabut) – Guide Emmaüs des dimanches et fêtes – commentaires du missel communautaire (Père André Rebré)
Bonne route à tous vers le 21ème dimanche du temps ordinaire. Ceux qui le souhaitent peuvent proposer une prière universelle. D’avance merci
Refrain : Entends nos prières, entends nos voix, entends nos prières monter vers Toi !
Seigneur, Jésus, nous te prions pour ton Eglise, fondée sur la foi de Pierre qu’elle soit dirigée par des serviteurs courageux et fidèles, témoins de ta Parole !
Seigneur, Jésus, nous te prions pour la réconciliation de la Corée et pour notre pape François qui multiplie ses interventions pour la paix et la bonne entente entre les peuples !
Seigneur, Jésus, nous te prions pour nos frères et soeurs malades, victimes d’épidémies, aide les chercheurs à trouver des remèdes efficaces pour leur guérison !
Seigneur, Jésus, nous te prions pour les étrangers qui vivent dans nos cités, déconcertés par les oppositions rencontrées : qu’ils trouvent sur leur route, des frères qui les écoutent et les aident !
Seigneur, Jésus, nous te prions pour notre assemblée, ici présente. Que cette Eucharistie partagée, fasse de nous des pierres vivantes et nous rende plus charitable !
Un très grand merci pour cette prière
Jésus mène sa petite enquête auprès de ses disciples, je pense qu’il ne veut pas les brusquer; par des questions directes, il laisse le temps à ses amis de réfléchir à ce qu’ils vont répondre; il ne leur pose pas la question à brûle pourpoint : pour vous qui suis-je ? c’est trop brutal; en bon pédagogue qu’il est, il prépare le terrain : qu’est-ce qu’on dit du Fils de l’homme ? et eux de répondre : pour les uns, il est Jean Baptiste, pour d’autres, Elie….
Alors, il va aller plus loin : “Et pour vous qui suis-je ?” et Simon-Pierre de répondre : Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant !” Cette affirmation, cette révélation a dû laisser les autres disciples sans voix.
Pierre a reconnu que Jésus est le Messie et Jésus de reconnaître en Pierre sa solidité pour être la pierre sur laquelle il bâtira son Eglise et que la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle. Il peut en toute confiance lui remettre les clés du Royaume des Cieux.
Nous sommes l’Eglise, sommes-nous de ceux qui savent qu’ils ont reçu les clés du Royaume ? Faisons-nous assez confiance au Seigneur pour croire que le Royaume est déjà parmi nous ? dans lequel nous vivons et auquel nous participons en espérant sa plénitude ?
Jésus aux mille visages, Ô Jésus qui es tu ?
Je suis tous ceux qu’on martyrise, le prêtre qu’on tue dans son église, Je suis l’enfant qui meurt de faim, le musicien à qui on coupe les mains.
Je suis les peuples qu’on extermine, les hommes de paix qu’on assassine; je suis le pauvre, le mendiant, je suis Gandhi le non-violent.
Je suis celui qui aime et pardonne, celui qui à ses frères se donne, je suis le Pain, le Vin qu’on partage, depuis deux mille ans c’est mon héritage.
Je suis le juste qu’on arrête, comme Jésus de Nazareth; je suis le Père, le Fils, l’Esprit, la Rédemption, le Chemin, la Vie.
écrit en Janvier 1982